L’environnement multidisciplinaire et multiculturel de BeBEST inspire une multitude de nouvelles interactions qui favorisent la création.
Aujourd’hui, tout programme de recherche scientifique comprends un volet de communication non-seulement vers la communauté des chercheurs, mais aussi vers les partenaires industrielles et le grand public. Pendant près de quarante ans, ce type de communication s’est enraciné dans un style et une philosophie empreintés à la communication publicitaire : identification d’une audience cible, manipulation de normes graphiques visant à attirer l’attention, simplification extrême du discours scientifique. Mais en parallèle, les chercheurs eux-mêmes, se sentant mal compris dans ce style de communication, ont développé un discours “éducatif”, prenant la position de l’enseignant convaincu que si l’audience ciblée pouvait avoir accès à la bonne information, il comprendra le sujet et surtout l’intérêt de soutenir un projet scientifique (c’est ce que recouvre le terme “outreach”).
Cependant, à la fin des années 1990s, une autre voix s’est élevée: celle des professionnels de l’enseignement qui travaillent dans les cours élémentaires et moyens, les collèges et les lycées. Les enseignants ont compris que les scientifiques n’ont pas de formation des techniques d’apprentissage et d’assimilation des nouvelles informations. Des groupes d’enseignants se sont impliqués pour insérer les bases de l’enseignement (expérience, dialogue, accessibilité, répétition, jeux) dans une médiation scientifique renouvelée. Quasi simultanément, un mouvement rapprochant Arts et Sciences (apparu à la fin des années 1990s dans les pays anglophones) s’est positionné avec la volonté d'ouvrir un autre mode de réflexion et de production. Ce rapprochement entre Art et Sciences cherche une nouvelle voie de perception de la science, et la création de nouveaux “produits” issus du transfert des connaissances des découvertes scientifiques. Il se traduit par le “design thinking” qui circule dans les écoles d’ingénieur et de commerce.
Malgré le foisonnement autour de ces “mix”, les historiens des sciences et arts ont pu rapidement pointer l’absence d’innovation et l’improductivité de ces premières approches. En fait, les relations entre Art et sciences, et surtout entre artistes et scientifiques ont souvent été proches. Ils partagent en commun les notions de recherche, de création, de précision, de technologie et de créativité, discutées aujourd’hui dans le cadre de l’innovation, de la production et du design. Ces données restent fondamentales pour les deux communautés qui mélangent souvent les notion d'apprentissage, de création, et de curiosité à travers des études des milieux, d'objets et de matières.
BeBEST souhaite expérimenter les liens entre Arts et Sciences, Recherche et Création, sur la base de son interdisciplinarité, et grâce à de nombreuses opportunités de collaborations qui s’offrent entre artistes et chercheurs. Le caractère innovant de ce "laboratoire" trouve sa source dans l'association entre art et sciences lorsque le volet artistique est considéré comme un champs disciplinaire et non comme une mise en perspective de l'activité scientifique. L'artiste est membre de la mission au même titre que le chercheur.
Les échanges et les productions des deux parties permettraient de présenter des découvertes scientifiques de façon plus sensible et de rendre ces travaux scientifiques accessibles à un des plus grand nombre par le prisme des émotions et des réflexions traduites par des oeuvres scientifiques.
BeBEST propose de faciliter les contacts entre artistes et chercheurs qui souhaitent s’impliquer dans des projets communs et faciliter la recherche de financements spécifiques à ce double volet. Les scientifiques convoquent les artistes avec l'aide d'un commissaire et coordinateur culturel. Le projet artistique se construit en lien avec le projet de mission scientifique mais l'artiste reste libre de sa création; il a Carte Blanche.
La force de ce projet repose sur le travail d'une équipe pluridisciplinaire qui va démontrer, au cours des missions, sa capacité à apprendre à se connaître, à construire ensemble une histoire commune malgré les différences et enjeux de chacun.
(C) Anne Steinlein