Sandrine Paumelle

Pénélope des glaces

Pénélope des glaces est née à Ny Alesund au Spitzberg en octobre 2013.


C’est mon désir de travailler sur la notion de refuge, de cabane (lieu d’enfance isolé qui permet une intimité et une proximité avec son monde intérieur) qui a mené ce projet.


Mon idée de création dans ce décor immense, blanc et pur des terres arctiques était donc dès le départ un peu paradoxal. Je n’ai pas cherché à sortir de la base, à parcourir les terres glacées de ce milieu pour moi hostile. Mon mouvement au contraire des scientifiques a été inverse. J’ai focalisé mon travail sur les paysages intérieurs, limitant mon périmètre d’exploration à la base et ses habitations.

C’est dans ces espaces que le personnage de Pénélope des glaces s’est mis en action, mis en scène. Elle a fait siens ces décors pour y attendre son Ulysse. J’ai instinctivement géré ma peur en me mettant à jouer. Comme on joue un rôle sur le plateau du théâtre, un rôle que l’on créer, que l’on répète, que l’on peaufine, que l’on cisèle. Une création, une recherche de personnage actant dans une sorte de performance-action. Je me suis filmée lors de chacune de ces performances dans les maisons. Loin de mes repères, de ma famille de mon foyer j’ai pu créer des images qui racontent l’histoire de  Pénélope dont on ne sait si elle est du IXeme siècle ou très contemporaine. Pénélope défait son ouvrage en cachette tous les soirs pour attendre son mari. Le fil symbolise une forme de résistance, une arme contre ceux qui la dissuadent d’attendre Ulysse qu’à force de persévérance, elle parviendra à retrouver.

Dans ce territoire presque hors du temps, le fil tissé rétablit l’équilibre menacé.